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Mardis de l’ESSEC : Laurent Mauduit, fondateur de Médiapart

Vie étudiante

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19/07/2017

Écrivain et journaliste, Laurent Mauduit compte parmi les fondateurs du média en ligne Médiapart. Invité par les Mardis de l'ESSEC, cet habitué des enquêtes d’investigation a dû à son tour répondre aux questions qui fâchent.

À l’heure de l’information en continu, accessible sans délai et sans frais, quelle place pour le temps long de l’investigation ? Celle, réduite mais importante, de Médiapart. C’est du moins la position revendiquée par Laurent Mauduit, qui fustige les journalistes « paresseux » se contentant de compiler et de relayer les dépêches d’agences de presse et les contenus de BFM ou de CNews. Pour lui, des rapporteurs, on en trouve, des enquêteurs, on n’en trouve que chez Médiapart.

Un média à part ?

Médiapart se distingue par la qualité de ses reportages, condition sine qua non de la réussite d’un média en ligne payant, ainsi que par son modèle 100 % en ligne, quand ses confrères du Monde ou du Figaro peinent à mener leur transition numérique, « 10 ou 15 ans après les médias anglo-saxons ».

De fait, le succès est au rendez-vous : Médiapart revendique aujourd’hui plus de 130 000 abonnés, et près de 14 millions d’euros de chiffre d’affaire. Soit une autonomie financière assez large, qui permet à Laurent Mauduit de critiquer avec virulence les « ploutocrates » et autres « magnats » faisant l’acquisition de journaux aux dépens de la liberté de la presse.

Système ou anti-système ?

Convoquant l’histoire du journalisme en France, Laurent Mauduit regrette que la presse, après avoir longtemps été asservie par la puissance publique et évincée au profit du face-à-face entre le « monarque républicain » et le peuple, notamment à l’époque de « l’ORTF du Général de Gaulle », doive désormais composer avec le capitalisme financier. Il dénonce les milliardaires comme Bernard Arnault ou Patrick Drahi qui achètent les rédactions selon des logiques d’influence et de connivence, et non de professionnalisme.

Là où le bât blesse, c’est que Xavier Niel et Maurice Lévy font partie des investisseurs de la Société des amis de Médiapart, qui possède 15 % du capital… Un peu embarrassé, Laurent Mauduit précise que ces derniers n’ont aucun droit de regard ni de contrôle sur ce que le site publie.

Autre détail gênant : Médiapart s’est auto-appliqué pendant 5 ans un taux de TVA réduit réservé à la presse écrite – ce qui lui a valu un redressement fiscal de 2,2 millions d’euros. La situation a été régularisée, mais l’exemplarité en prend un coup.

Il n’en reste pas moins que dans ce monde aseptisé, il revient à Médiapart d’être un agitateur. Mais en jouant son rôle de « filtrage » de l’information et en se portant garant de la « transparence », Médiapart s’avère peut-être le média le plus dans le système – celui qui le régule et qui s’en nourrit.

 

Propos recueillis par Loïc Porte (étudiant).

 

Article paru dans Reflets #119. Pour s’abonner, cliquer ici.

 



Illustration : Laurent Mauduit © Noir sur Blanc
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