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Revivez le discours de Myriam Cohen-Welgryn (E88) au Commencement Day ESSEC

Actus de l'ESSEC

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22/10/2018

Myriam Cohen-Welgryn (E88), présidente de Mars Pet Nutrition Europe, a pris la parole parmi d'autres diplômés aux parcours exemplaires lors du Commencement Day de l'ESSEC, jour de remise des diplômes de la promotion sortante, dans un discours émouvant, largement inspiré de son livre (dont nous parlions ici). Morceaux choisis.

« Lorsque j’étais à votre place, en 1988 on n’organisait pas de remise de diplôme solennelle. On recevait un petit papier par la poste. Or, je suis une fervente adepte des rites de passage. Je crois aux célébrations qui soulignent les transitions d’un monde à l’autre. Je suis donc ravie que l’on célèbre désormais dignement ce grand jour et aussi très fière d’avoir été invitée à partager ce moment précieux avec vous. »

(...)

« Je ne crois pas qu’il y ait de meilleur commencement que de bien choisir ceux qui nous accompagnent dans la vie. Ceux dont on sait qu’ils sauront nous aider à nous relever lorsqu’on tombe, et on tombe toujours. Ceux qui poseront les questions qui frottent lorsque l’on doute. Ceux à qui l’on peut demander la lune et qui en un mot comme en cent nous aident à déployer nos ailes. Regardez attentivement qui est assis à vos côtés. Vous savez désormais que vous en avez pris pour au moins trente ans, je vous le souhaite en tout cas de tout cœur ! »

(…)  

« Je suis venue vous dire que rester vivant est l’unique et l’ultime combat. On n’a qu’une vie ! Je crois qu’il n’est jamais trop tôt pour comprendre qu’on peut-être mort tout en étant encore vivant. Le monde est peuplé d’adultes qui ont renoncé, qui sont passés à côté. Rester vivant, c’est d’abord oser être soi-même. Qui dit rite de 'pas-sage', annonce la couleur. Il faut apprendre, et c’est urgent, à ne pas être sage. Et je sais que je m’adresse à un repaire d’étudiants particulièrement vulnérable à ce danger : les bons élèves ! Rester soi-même, d’abord parce qu’on n’a pas le choix : comme le dit Oscar Wilde, tous les autres sont déjà pris !  Ensuite parce c’est la seule manière de ne pas se perdre en chemin : il faut sortir des rails que d’autres ont dessinés pour nous et dire non aux autres vies que la sienne. Dire non aux pressions extérieures qui tentent de nous formater. Enfant, j’avais un frère aîné que j’imitais en tout. Je jouais donc à des jeux de garçons ! Un jour, un garçon m’a dit : « Dis donc, tu joues vachement bien au foot pour une fille. Tu ne serais pas un peu un garçon manqué ? ». Et je me souviens avoir pensé : je ne suis pas un garçon manqué. Je suis encore moins une fille manquée ! Je suis une fille réussie ! Et j’ai continué à me comporter comme telle, sans tenir compte de ce que j’étais censée faire parce que j’étais une fille. »

(…)

« Je n’oublierai jamais non plus le vertige que j’ai ressenti lorsque j’ai annoncé à mon père que je ne ferais pas médecine. (...) Il ne m’a plus parlé pendant trois semaines. Soutenue par mes lectures subversives, j’ai tenu le cap ! 'Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque', clame René Char, 'à te regarder, ils s’habitueront'. Il s’est habitué ! Il n’y a pas de oui sans non ! »

(…)

« Rester soi-même, c’est encore plus nécessaire en entreprise où, pour une raison étrange, on se sent souvent, à tort, obligé de porter un masque. J’en ai fait l’expérience assez tôt dans ma vie professionnelle. C’était lors d’un entretien de fin d’année. Mon manager m’a annoncé que j’allais bientôt être éligible à des positions où j’allais représenter l’entreprise. Il a aussi ajouté, passant du coq à l’âne, que mes lunettes rouges nuisaient à ma crédibilité. Fallait-il que je me conforme, 'con-forme' ? C’était un véritable enjeu d’identité. Je n’ai pas changé de lunettes. J’ai changé d’entreprise. Et j’ai dès lors porté mes lunettes rouges en les revendiquant ! (...) Oser rester soi-même donne tout simplement une force qui permet de soulever les montagnes ! »

(…) 

« Rester vivant, c’est aussi permettre à l’humanité de rester vivante. Je suis de la génération X qui a cru au mirage de l’abondance, au mythe de la générosité. Une génération insouciante dont je ne suis pas fière de dire qu’elle n’a pas pris les mesures qui étaient à la hauteur des enjeux auxquels nous faisions face ! »

(…)

« Après plusieurs directions générales, on m’a proposé de prendre la direction environnementale du groupe dans lequel je travaillais. J’ai d’abord pensé qu’ils étaient devenus fous. Je m’appelais certes Welgryn, Well-Green, cela pouvait prêter à confusion ! Mais je n’y connaissais rien. Ma spécialité à moi, c’était le business, et on me demandait de réduire les émissions de CO2. Vous imaginez, quelque chose d’im-po-ssible ! J’étais intriguée, et j’avais aussi très peur de me planter ! Mais quand on se plante on pousse ! Alors, j’ai suivi mon intuition. J’ai plongé et j’ai reçu la plus belle leçon de leadership qui soit. J’ai compris que tout était lié. Il n’y a pas d’un côté les affaires et de l’autre l’environnement. La nature est au cœur du système. » 

(…)

« J’ai pu alors clarifier une ambition professionnelle qui me donne l’énergie de me lever le matin pour aller travailler : contribuer à inventer une autre croissance, une croissance qui crée des liens et qui donne du sens. »

(…)

« Ne soyez pas des passagers !  Vous pouvez changer le cours des choses ! Et si je tiens à vous rappeler l’urgence d’agir, le devoir d’agir, c’est par souci d’impact. Parce que, vous ne le savez peut-être pas encore, mais moi, si : vous avez tant de pouvoir ! Vous êtes à un carrefour de possibilités extraordinaires : les réseaux sociaux relient les énergies et permettent à chaque petit colibri, si cher à Pierre Rabhi, d’apporter sa goutte d’eau et de « faire sa part » en en démultipliant la portée. Votre pouvoir tient aussi au fait que les entreprises que vous allez créer, où dans lesquels vous allez travailler, ont un immense rôle à jouer dans ces transformations. »

(…)

« À vous de définir le cap, ce que les Japonais appelle l’ikigai, ou la 'réalisation de ce qu’on espère' : un métier dont on peut vivre, que l’on aime et qui est utile au monde. Vous pouvez choisir où et pour qui vous allez travailler. Choisir d’imaginer sans attendre ce qui vous permettra de rester vivants. Il n’est jamais trop tôt pour trouver votre pourquoi. Il n’est jamais trop tôt pour penser la trace que vous voulez laisser. »

 

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