Cycle ESSEC Beaux-Arts 2022-2023 ~ Les Métiers d'Art
Cycle de conférences
ESSEC Beaux-Arts 2022-2023 (18ème saison)
Métiers d’art d’hier et d’aujourd’hui
L’histoire des métiers d’art remonte à l’Antiquité : les archéologues nous en livrent les traces émouvantes en retrouvant à Marseille une épave grecque en bois, à Luxeuil des fours de potiers gallo-romains, à Saint-Dizier des bijoux mérovingiens... A l’époque médiévale, les corporations organisent les métiers, les compagnons voyagent et diffusent les techniques et les styles. De puissantes manufactures apparaissent au 17è et 18è siècles, et profitent des grandes commandes de l’état (Saint-Gobain, Vincennes-Sèvres, Alençon, les Gobelins, Aubusson, les cristalleries de Lorraine …), c’est l’âge d’or de la culture française. Ces savoir-faire sont un temps fragilisés par la Révolution, puis reprennent de la vigueur sous l’Empire et sont à nouveau en pleine mutation à l’ère de la révolution industrielle. Les grandes maisons se mettent alors en scène lors des Expositions universelles et ne cessent d’innover. Aujourd’hui, les métiers d’art perdurent et se transforment, ils représentent toujours une part importante de la culture et de l’économie (50 000 entreprises, 281 métiers).
Héritage de savoir-faire souvent séculaires, les métiers d’art représentent un patrimoine immatériel à préserver, un patrimoine vivant en perpétuelle évolution, que de nombreux acteurs du secteur contribuent encore à enrichir au fil des créations.
Lundi 3 octobre 2022 à 20h30
La glyptique, un art millénaire oublié
Philippe Malgouyres, Conservateur en chef du patrimoine, Département des objets d’art, Musée du Louvre.
Ce que nous savons des premières manifestations d’une sensibilité esthétique de l’homme face à la Nature, c’est grâce aux pierres, ramassées et travaillées pour leur beauté. La gravure sur pierre, en camée ou en intaille eut toutes sortes de fonctions : laisser une empreinte, protéger son propriétaire, orner son doigt mais aussi offrir un objet de beauté au regard.
Nous traiterons de cette production à la fois élitiste et intime, politique et privée, depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle.
Lundi 14 novembre 2022 à 20h30
L’intelligence de la main : CHANEL, le 19M et Paraffection
Catherine Ormen, historienne de la mode, auteure de L’Art de la Mode, Citadelles & Mazenod, Un siècle de mode, Dior for Ever, All About Yves, Editions Larousse.
La haute couture entretient un important réseau de sous-traitance très qualifié : ce sont des métiers artisanaux, souvent méconnus du grand public, qui perpétuent des savoir-faire, mais sont aussi à la pointe de l’innovation et donc susceptibles de répondre aux demandes les plus folles des créateurs. Indispensable au développement de la création, cette intelligence de la main était à l’aube du XXIe siècle en passe de disparaître. Si la plupart des groupes de luxe semblent désormais s’y intéresser, la Maison CHANEL a quant à elle, très tôt entrepris le sauvetage de ces métiers. Ayant racheté en 1985 le parurier Desrues (maison fondée en 1929), puis le brodeur Lesage, ainsi que d’autres fournisseurs tels que le plumassier Lemarié, le chapelier Michel, le bottier Massaro, l’orfèvre Goossens, CHANEL a créé PARAFFECTION, pour apporter à toutes ces entreprises un soutien administratif, logistique et technique. La Maison Guillet, créée en 1869, spécialisée dans la fabrication des fleurs artificielles, le brodeur Montex (maison fondée en 1939), le gantier Causse de Millau ainsi que d’autres métiers d’art français et étrangers sont depuis entrés dans l’escarcelle de Paraffection, sans pour autant devenir des fournisseurs exclusifs de CHANEL.
Ces métiers d’art représentent un patrimoine matériel et immatériel unique au monde. Ils disposent depuis 2020 d’un bâtiment qui leur est entièrement dédié, le 19M. Imaginé par Rudy Riccotti, implanté dans le Nord-Est de Paris, c’est une vitrine des savoir-faire du luxe ainsi qu’un lieu unique de transmission.
Lundi 5 décembre 2022 à 20h30
Le Mobilier National, garde-meuble, manufacture et lieu de création
Marie-Hélène Bersani, Inspectrice des collections, ancienne directrice du département de la production du Mobilier National (Gobelins, Beauvais, Savonnerie, Le Puy, Alençon, Teinture, Nuancier).
Le Mobilier national est une institution pluriséculaire à multiples visages. Il regroupe d’importantes collections de mobilier et d’art décoratif, héritières de l'ancien Garde-meuble de la Couronne, sept ateliers de restauration (Paris et Aubusson), et un ensemble de manufactures de création, notamment les trois manufactures de tissage créées au XVIIe siècle : les Gobelins (Paris), Beauvais (Paris et Beauvais) et la Savonnerie (Paris et Lodève). S'y ajoutent l’atelier de Recherche et de création fondé par André Malraux (1964), voué au design, et les deux ateliers de dentelle du Puy-en-Velay et d’Alençon (1976).
L'ensemble se signale par sa continuité dans le temps. Aujourd'hui comme au XVIIe siècle, l’État commanditaire met en œuvre une politique de soutien à la création et d'enrichissement des collections nationales.
Lundi 9 janvier 2023 à 20h30
La manufacture de Sèvres, une porcelaine au service de l'Etat
Soazig Guilmin, Cheffe du Service du récolement et du mouvement des oeuvres, Cité de la céramique - Sèvres et Limoges
Depuis le milieu du XIXème siècle, la manufacture de Sèvres dépose des services de table et des objets décoratifs (sculptures, vases, ...) dans les plus hauts lieux de l’État français. Lors des repas servis par la Présidence de la République, par des ministères ou des ambassades, sa porcelaine participe à la transmission de ses savoir-faire et de la gastronomie française. De même, les œuvres déposées dans les salons et espaces de réception sont l'illustration d'un mouvement constant entre maintien des savoir-faire et innovation dont la manufacture a su faire preuve tout au long de son histoire. Qu’il s’agisse de créations ou de rééditions, ses objets soulignent que le choix d'un ancrage de cette production dans une longue tradition ou l’attention portée à la création contemporaine sont le fruit d'une politique. Expression du luxe et de l’excellence, les œuvres de la manufacture de Sèvres sont donc un des vecteurs de la culture française à travers le monde.
Lundi 6 février 2023 à 20h30
Les émaux de Limoges au Moyen Âge (XIIe-XIIIe siècles)
Christine Descatoire, Conservatrice générale au Musée de Cluny.
Aux XIIe et XIIIe siècles, Limoges et le Limousin ont vu s’épanouir une importante production d’émaux champlevés sur cuivre, appelée dans les sources écrites « Œuvre de Limoges ». Ces émaux aux couleurs vives ont connu un extraordinaire succès et se sont diffusés dans toute l’Europe dès la fin du XIIe siècle. Les ateliers d’émailleurs limousins ont réalisé une gamme très variée d’objets religieux et profanes. À côté d’une production courante, ils ont également créé des œuvres uniques pour des commanditaires prestigieux, laïcs ou ecclésiastiques. Après une deuxième période de rayonnement des émailleurs limousins aux XVIe-XVIIe siècles, celle des émaux peints, la tradition d’émaillage se poursuit aujourd’hui à Limoges.
Lundi 6 mars 2023 à 20h30
La Galerie des Bijoux du musée des Arts décoratifs
Evelyne Possémé, Conservatrice en chef de la Galerie des Bijoux
Unique en France, la collection nationale de bijoux du musée des Arts décoratifs est présentée depuis juin 2004 dans un espace dédié, entre le département de la Mode et du Textile et les salles permanentes des collections d'art décoratif. La présentation chronologique permet de faire voir au public l'évolution de la bijouterie française de la Renaissance à nos jours. Les collections de bijoux du 18e siècle sont uniques en France tandis que les collections du 19e siècle, notamment la collection du bijoutier Henri Vever (plus de 350 bijoux) est connue et reconnue dans le monde entier par tous les spécialistes du domaine. Une politique d'acquisition ambitieuse a permis de nombreux dons de maisons célèbres (Boucheron, Templier, Sandoz, Fouquet, Vever) mais aussi d'artistes éminents (Jean Desprès, Line Vautrin, Jar). Régulièrement des expositions temporaires permettent de faire connaître le patrimoine joaillier et de mettre en avant la scène contemporaine, française et internationale. Cette communication se propose de faire connaître cette collection, son histoire et à travers elle, celle de la bijouterie française.
Lundi 3 avril 2023 à 20h30
1925 la gloire de Paris
Isabelle Girodet, historienne de l’art
La création artistique en France pendant les Années folles est marquée par l’organisation de l'Exposition internationale des arts décoratifs et des arts industriels de 1925. Programmée déjà avant-guerre, elle est reportée plusieurs fois et marque l’apogée du style Art déco.
C’est un succès mondial et la première de ses conséquences sera le redéploiement de l’industrie française du luxe. De nombreux artistes décorateurs vont bénéficier de cette tribune tels André Groult, Pierre Chareau, Jacques-Émile Ruhlmann... Côté architecture les noms de Mallet-Stevens, Le Corbusier vont être associés à de véritables innovations. Il faut être moderne, c’est le credo de cette période. Il faut aussi faire la démonstration de cette révolution esthétique qui a remis en cause la hiérarchie entre arts majeurs et arts mineurs et qui prône un art total. Un art total, mais en accord avec l’idée de triomphe du goût français. L’Exposition de 1925 redonne à Paris une visibilité et une réputation d’excellence du savoir-faire de ces créateurs et artisans.
Lundi 5 juin 2023 à 20h30
La soierie lyonnaise
Intervenant à confirmer du Musée des Tissus de Lyon
Depuis la fin du XVe siècle, la soierie est un élément fort de l’identité lyonnaise. Elle a façonné la ville de la rive droite de la Saône jusqu'à la Croix-Rousse, irrigant plus largement tout le territoire régional.
De François Ier, à Napoléon Ier en passant par Louis XIV, ces grand hommes politiques ont contribué à faire de Lyon LA capitale de la soie, autour de grandes manufactures, dont les savoir-faire perdurent encore aujourd’hui et évoluent au gré des avancées technologiques.
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Les conférences Essec Beaux-Arts sont organisées à 20h30, 15 rue Cortambert (dans les locaux de l’ESTP). Elles sont précédées d’un cocktail amical à partir de 19h45. L’expérience de ces deux dernières années nous permet de poursuivre les conférences à distance sur ZOOM, pour ceux qui ne peuvent se déplacer.
Tarif 2022-2023 : 250€/pers
Des visites guidées seront proposées en supplément tout au long de l’année (programme et dates diffusés en octobre et au fil de la saison 2022-2023) : le Musée de Cluny, le Musée Nissim de Camondo, les Ateliers du Mobilier National, des ateliers de restauration et de création …
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Et aussi :
- un week-end à Marseille, 24&25 septembre 2022 : à la découverte du chantier naval Borg qui restaure les fameuses barquettes marseillaises, la Grotte Cosquer, l’exposition « Les objets migrateurs » au Centre de la Vieille Charité… :
https://www.essecalumni.com/event/week-end-a-marseille-par-le-club-essec-beaux-arts/2022/09/24/4078
- un week-end dans les Vosges, berceau du savoir-faire verrier (le Centre verrier de Meisenthal, le musée Lalique, le musée du Cristal St Louis), 15&16 octobre 2022 :
- et un projet de voyage « Autour de Padoue et des villas palladiennes », 14 au 20 mai 2023
Adhésion au programme du Club Beaux-Arts saison 2022-2023 sur le site des Alumni : https://www.essecalumni.com/group/beaux-arts/32
(plus d’informations : agnes@brigot.net)