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Zeina Khairallah (E09) : « Nous venons en aide aux enfants vulnérables au Liban »

Interviews

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28/06/2021

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Il y a près d’un an, Krystel El Adm (E08) perdait la vie dans la double explosion du port de Beyrouth. Aujourd’hui, Zeina Khairallah (E09) s’associe à Nelly Harik (E11) et Karel Al Adm (E08) pour créer la Fondation Krystel El Adm, dans le but de donner aux enfants vulnérables l’opportunité d’exploiter leur plein potentiel et de se construire un avenir meilleur. Explications. 

ESSEC Alumni : Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs qui était Krystel El-Adm – ainsi que les circonstances de son décès ? 

Zeina Khairallah : Krystel El Adm était une jeune femme pleine de vie, au parcours brillant. En parallèle d’une carrière dans la finance au sein de grandes banques internationales, elle s’engageait en tant que bénévole au service de ses concitoyens au Liban, en aidant des familles défavorisées à financer les frais de scolarité de leurs enfants et les plus âgés à trouver un emploi. Le mardi 4 août 2020, elle s’est rendue à Beyrouth pour apporter un ordinateur portable à un enfant dans le besoin et l’encourager à poursuivre ses études. Elle a été fauchée par la double explosion qui a ravagé la ville ce jour-là, tuant 200 personnes, en blessant plus de 7000, et détruisant plus de 350 000 logements. 

EA : Ce drame a déclenché un vaste mouvement de solidarité dans la communauté ESSEC…

Z. Khairallah : Afin d'honorer la mémoire de Krystel mais aussi d'Alexandra (3 ans), fille de Paul Naggear (E10), le Chapter Liban, présidé par Marina Balgachian (AGRI 02), a lancé un appel à la solidarité internationale pour soutenir deux projets associatifs et caritatifs – l’un cher à Krystel, facilitant l’accès à l'éducation pour les enfants défavorisés, et l’autre cher à Paul, contribuant à la reconstruction de bâtiments ravagés par l’explosion dans des quartiers populaires. Le soutien conjoint d’ESSEC Alumni et de son président Olivier Cantet (E87) ainsi que de l’ESSEC et de son directeur général Vincenzo Esposito Vinzi, et plus largement l’élan de toute la communauté ESSEC, ont permis de récolter plus de 22 K €.

EA : Aujourd’hui, près d’un an après les explosions, quelle est la situation au Liban, et particulièrement à Beyrouth ? 

Z. Khairallah : Le pays fait face à des difficultés financières, économiques et sanitaires depuis octobre 2019. L’explosion du 4 août 2020 n’a fait qu’aggraver la situation, en précipitant le délitement de l’autorité exécutive et en actant son incapacité à former un gouvernement opérationnel. Une large partie de la population a ainsi basculé dans la pauvreté et dépend désormais des ONG, des bénévoles locaux et de l’aide internationale. La main d'œuvre dont le salaire est perçu en livres libanaises subit une baisse terrible de son pouvoir d’achat, du fait de la dévaluation vertigineuse de la monnaie. La Banque mondiale a récemment confirmé, je cite, que la situation économique actuelle du Liban figurait parmi les dix crises les plus graves, et probablement l'une des trois pires crises dans le monde depuis le milieu du XIXème siècle.

EA : Quelles sont les conséquences de cette situation pour les enfants vulnérables du Liban ?  

Z. Khairallah : L’ONU indique que la crise libanaise se transforme en une catastrophe pour l'éducation, avec des enfants vulnérables confrontés au risque réel de ne plus jamais retourner à l'école ni même d’accéder à l'éducation, alors que de nombreuses familles ne peuvent pas se payer du matériel scolaire ou doivent compter sur les enfants pour apporter un revenu. Selon un rapport de Save the Children datant de février 2020, plus de 1,2 million d'enfants sont déscolarisés depuis le début de la pandémie.

EA : Face à cette situation, vous créez la Fondation Krystel El-Adm. Quels objectifs et missions vous fixez-vous ? 

Z. Khairallah : Nous croyons fortement que chaque enfant a le droit à l’éducation et à la possibilité d’exploiter son plein potentiel. Comme l’a si bien dit Nelson Mandela : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » Et j’ajouterai : l’accès à l’éducation constitue le meilleur moyen pour se construire un avenir meilleur. Dans cet esprit, nos actions se déploient autour de trois axes. Primo, nous œuvrons pour améliorer l’accès à l'éducation des enfants dans le besoin en les soutenant dans leurs scolarités. Deuxio, nous offrons aux enfants des programmes d’enrichissement afin de développer leurs compétences sociales et émotionnelles. Tertio, nous venons en aide aux familles démunies afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins les plus essentiels.

EA : Quels projets avez-vous portés depuis votre lancement ? 

Z. Khairallah : Grâce à nos premières levées de fonds, nous avons pu répondre aux appels de détresse de 40 familles en un mois qui n’arrivaient plus à payer la scolarité de leurs enfants. Il s’agissait de 68 enfants menacés d’éviction en cas de défaut de paiement.

EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir votre initiative ? 

Z. Khairallah : Toute contribution compte, quel que soit son niveau. Vous pouvez faire une donation en ligne – ou par virement, chèque ou transfert de devises (plus d’infos sur notre site). Et vous pouvez nous suivre sur Facebook, sur Instagram et sur LinkedIn et partager nos contenus pour faire connaître notre cause ! 

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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