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Amaury Klossa (E98) : « Mes photographies émeuvent et interrogent en même temps »

Interviews

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30/11/2023

Dans le cadre du Mois de la photo, Amaury Klossa (E98) présente son exposition « Entre sel et ciel » à la galerie Nery Mariño (8 rue des Coutures Saint Gervais Paris 3e) jusqu’au 3 décembre. L’occasion de rencontrer cet artiste autodidacte et de découvrir son travail qui mêle paysages et abstraction, sérénité et gravité, émotion et réflexion. 

ESSEC Alumni : Comment en êtes-vous venu à la photographie ? 

Amaury Klossa : J’ai hérité cette passion de mon père qui pratiquait la photographie en amateur et qui a consacré sa vie à la mise en valeur d’images de grands photographes ainsi que de musées ou d’entreprises aux patrimoines iconographiques exceptionnels. Très tôt, il m’a mis entre les mains des boîtiers et des optiques de grande qualité. Depuis, je ne peux envisager de me déplacer sans un appareil photo, de peur de perdre l’opportunité de saisir un instant éphémère qui me parle. 

EA : Quels ont été vos premiers travaux photographiques ? 

A. Klossa : Juste après l’ESSEC, je suis parti 2 ans en Chine pour apprendre à parler la langue. J’en ai profité pour explorer le pays hors des sentiers battus, au fil des saisons. La photographie s’est intuitivement imposée à moi comme le medium évident pour saisir ces paysages pleins de poésie, ces visages chargés d’émotions et ces habitudes culturelles multiséculaires. 25 ans après, je regarde avec une émotion intacte les photos que j’ai prises à l’époque et qui immortalisent une Chine depuis balayée par le vent de la modernité. 

EA : Techniquement, comment vous êtes-vous formé à la photographie ?

A. Klossa : Je suis un autodidacte ! Je n’ai jamais pris le moindre cours. J’ai surtout bénéficié de l’expérience de mon père qui d’ailleurs continue de me transmettre ses enseignements aujourd’hui. Cependant je fonctionne surtout à l’instinct – du moins pour les prises de vues. Pour les tirages, j’ai la chance d’être conseillé par Jean-Michel Berts, grand photographe professionnel spécialiste du noir et blanc connu pour ses clichés de Paris et de grandes capitales emblématiques. Il compte parmi les premiers à avoir cru en moi et il partage généreusement son expérience avec moi. Il m’a notamment aidé pour ma prochaine exposition. 

EA : Aujourd’hui, comment définiriez-vous votre univers artistique ?

A. Klossa : Au fil des années, je me suis focalisé sur la nature, les jeux de lumière, les effets de géométrie et de symétrie. Mon travail s’articule principalement autour de paysages qui dégagent une émotion et qui interrogent en même temps. Je cherche à produire des clichés qui conservent une dimension abstraite et qui ne soient pas toujours compréhensibles au premier regard. Chacun peut y voir ce qu’il veut. Certaines roches que j’ai photographiées évoquent des paysages dunaires ou encore des voiles de soie. D’autres font penser à des cavernes ou des falaises alors qu’il s’agit d’une écorce d’arbre. J’éprouve par ailleurs une fascination pour les arbres et j’aimerais y consacrer une exposition à part entière lorsque j’aurai constitué un corpus d’images suffisamment étendu et cohérent – ce qui peut prendre des années !

EA : En attendant, vous présentez l’exposition « Entre sel et ciel » à la galerie Nery Mariño (8 rue des Coutures Saint Gervais Paris 3e) jusqu’au 3 décembre. Quelles œuvres montrez-vous à cette occasion ? 

A. Klossa : L’exposition présente des photographies prises dans un désert de sel à près de 4 000 mètres d’altitude entre l’Argentine et le Chili. Il s’agit d’une zone particulièrement aride où il ne pleut pas plus de 50 millimètres par an. Une averse constitue donc un événement extraordinaire dans cet environnement d’une pureté exceptionnelle, et crée des paysages fantasmagoriques aux reflets qui paraissent irréels. J’ai eu la chance de saisir certains de ces moments et d’en tirer une série de clichés qui s’appuient sur une géométrie des reflets et sur des jeux de lumières. Il en ressort tantôt de l’apaisement et de la sérénité, tantôt de la mélancolie ou de la gravité, notamment sur les images en noir et blanc. Par essence, la photographie capture l’éphémère, mais cette dimension est doublement renforcée dans ce travail, à la fois par la rareté du phénomène et par la précarité du cadre, aujourd’hui menacé par la surexploitation du lithium. Les populations autochtones tentent d’empêcher la dévastation de ce lieu mais sont comme souvent bien désarmés face à la puissance des lobbies industriels.

EA : Comment votre pratique artistique s’articule-t-elle avec vos activités professionnelles ? 

A. Klossa : Au jour le jour, j’exerce comme associé dans un cabinet de conseil en stratégie. D’un côté, ce métier très prenant me laisse peu de champ pour d’autres activités. De l’autre côté, il me permet de mener mon travail photographique avec sérénité, sans contingence matérielle. Et s’il n’est pas évident de manquer de temps dans une activité qui exige de la patience, de l’anticipation et de la chance, cette contrainte me pousse à affûter mon regard pour saisir la moindre opportunité lorsqu’elle se présente. Par ailleurs, j’envisage la photographie dans le temps long : certaines images que je trouve très réussies individuellement ne s’inscrivent pas encore dans un ensemble cohérent mais trouveront probablement leur place au fil de mes explorations futures. 

EA : Où peut-on suivre votre travail photographique et comment peut-on le soutenir ? 

A. Klossa : J’ai fait ma première exposition à la galerie Arnaud Bard à Boulogne en septembre dernier avec 3 autres artistes. L’exposition à la galerie Nery Mariño en face du musée Picasso constitue une nouvelle étape qui me permet de partager pour la première fois une série de grands formats. Une nouvelle exposition est en préparation pour l’année prochaine. En attendant, vous pouvez me suivre sur Instagram : n’hésitez pas à liker et à partager ! Le bouche-à-oreille compte beaucoup dans ce métier et les rencontres inattendues peuvent s’avérer d’extraordinaires vecteurs de diffusion.

 

Exposition flash « Entre sel et ciel », du 30 novembre au 3 décembre 2023 à la galerie Nery Mariño, 8 rue des coutures Saint Gervais, Paris 3e (métro Saint Paul)

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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