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Reflets Mag #137 | Marc Azoulay (E07), au verso des photos de JR

Interviews

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27/04/2021

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Dans Reflets Mag #137, Marc Azoulay (E07) raconte comment il est devenu directeur de studio pour le célèbre photographe JR. Un métier unique au monde qui le mène des favelas brésiliennes au bush australien en passant par la frontière mexicaine, avec pour point de départ la vision de l’artiste et pour destination sa matérialisation. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

À l’époque, il ne le voit pas comme un signe. C’est pourtant au moment précis où il s’apprête à entrer dans le monde du travail que Marc Azoulay rencontre JR. « J’ai assisté à une conférence qu’il donnait aux Arts Déco, alors qu’il n’était encore qu’un jeune artiste prometteur de 25 ans. » L’attraction est immédiate. « Il m’inspirait : il vivait de sa passion. J’ai tout de suite eu envie de le suivre, de l’accompagner. »

Une graine est semée. Cependant Marc Azoulay se destine à d’autres horizons. « Je pensais qu’il fallait faire quelque chose de sérieux, entrer dans le moule.. » Il débute donc en banque d’affaires à la BNP. « J’ai surtout pris le poste parce qu’il s’agissait d’un VIE à Sydney ! » Mais les joies de la vie en bord de mer ne font pas illusion longtemps : « J’ai démissionné au bout de neuf mois, alors que la crise des subprimes avait éclaté et qu’on me déconseillait de lâcher mon poste. »

En quête de sens

Marc Azoulay entre dans une période d’errance – au propre comme au figuré. D’un côté, il multiplie les voyages. De l’autre, il persiste dans le monde de la finance, sans y trouver son compte. Parallèlement, JR se rappelle régulièrement à lui. « Je m’étais inscrit à sa newsletter, et je lui proposais mon aide sur ses nouveaux projets. »

Il finit ainsi par participer à l’installation d’un collage de l’artiste sur l’île Saint Louis. « On s’est retrouvés à une centaine de bénévoles, à coller des photos sur les quais et sur le pont Louis-Philippe pendant deux semaines. Une expérience extraordinaire, sur le plan artistique comme sur le plan humain. J’ai rencontré des gens très différents, que je n’aurais jamais eu l’occasion de croiser autrement. »

Changement de bord

Les astres commencent à s’aligner quand Marc Azoulay a l’opportunité de s’installer au Brésil pour développer le marché Amérique du Sud de City Discovery, plateforme de réservation d’expériences touristiques. Il apprécie la culture locale autant qu’il s’engage dans son travail : « En un an, j’ai fait passer les Brésiliens du 12ème au 3èmer rang des nationalités de nos clients. »

Et puis… il retrouve son artiste fétiche. « JR venait d’ouvrir un centre culturel, la Casa Amarela, au sommet de la favela la plus ancienne de Rio, suite à son projet Women Are Heroes. Je lui ai proposé de l’héberger lors d’une visite. »

Entrée en piste

Au bout de quelques semaines, JR confie à Marc Azoulay la gestion de la Casa Amarela. « Il m’a demandé d’organiser des événements, des résidences d’artistes, des ateliers et des cours pour petits et grands. »

Puis JR remporte le Prix TED aux États-Unis. « Pour sa conférence, JR pose la question : est-ce que l’art peut changer le monde ? Il répond en proposant de démocratiser la réalisation de collages monumentaux comme les siens. Le principe : vous envoyez votre portrait et celui de gens qui partagent avec vous un message, le studio les imprime en noir et blanc et en grand format gratuitement, et vous les renvoie pour les coller dans votre communauté. Un projet artistique open source. » La réalisation du projet, intitulé Inside Out, nécessite l’ouverture d’un studio à New York, que JR confie à Marc Azoulay. 

Les choses en grand

À l’origine, Inside Out devait durer un an. Dix ans plus tard, l’initiative perdure et affiche à son compteur 400 000 participants dans 140 pays. Parallèlement, Marc Azoulay a vu ses responsabilités s’étendre à l’ensemble des projets de JR. « En gros : il a une idée, je la rends faisable – avec l’appui d’une équipe d’une vingtaine de personnes que je gère entre Paris, New York, Genève et Rio, et parfois de centaines d’intervenants. C’est avant tout un travail d’équipe et de rencontres. » Quand JR souhaite installer une photo d’enfant qui jette un œil par-dessus la frontière entre le Mexique et les États-Unis, Marc Azoulay supervise l’achat du matériel, l’installation de l’échafaudage, la venue de la pelleteuse, le voyage de l’équipe, ainsi que la production de la documentation de l’expérience. Quand l’artiste veut réaliser une fresque sur San Francisco, son bras droit s’occupe d’installer un studio photo dans un semi-remorque, de déplacer celui-ci de quartier en quartier, de filmer et d’enregistrer les 1206 habitants qui se prêtent au jeu, et de développer une application autour du dispositif. « Mon métier s’apparente à celui de producteur dans le cinéma. Je produis d’ailleurs les prochains films de JR. »

Et comme dans les films, Marc Azoulay mène une vie pleine de rebondissements. Il se souvient de son dernier déplacement professionnel avant le COVID: « On a commencé par une journée dans le désert californien pour coller sur les murs d’une prison de sécurité maximale. Le lendemain, on s’est rendus à la cérémonie des Oscars pour photographier les plus grandes stars de Hollywood. Et le jour d’après, on a pris un avion direction l’Australie, pour une exposition à la National Gallery of Victoria de Melbourne, puis une rencontre avec des fermiers du bush, suivie de repérages à l’Opéra de Sydney et d’échanges avec les pompiers qui ont combattu les feux de 2019. »

Tout est possible

Marc Azoulay voit dans son quotidien hors du commun une métaphore de l’art, « clé d’entrée universelle qui permet d’ouvrir des portes et de parler à tout le monde. » Il insiste sur cette notion de dialogue. « On n’est pas là pour dire aux gens ce qu’il faut penser, mais pour les inciter à se poser des questions. On les interpelle avec des images qui permettent d’appréhender des sujets de société différemment que dans les média, et on les laisse tirer leurs conclusions. »

Une liberté de ton et d’esprit qu’il revendique pour lui-même : « Nos projets sont financés par les œuvres que nous en tirons et que nous vendons en galerie d’art - nous ne travaillons jamais avec des organisations ou des marques, nous sommes indépendants. » Et qu’il approfondit depuis quelques temps en présentant aussi le travail d’artistes émergents, en tant que curateur d’expositions.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

Paru dans Reflets Mag #137. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer ici. Pour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

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