Retour aux actualités
Article suivant
Article précédent

Reflets Mag #138 | Olivier Mégean (BBA 91) & Jonathan Moioli (E14) : « L’IA va se généraliser »

Interviews

-

15/06/2021

Dans Reflets Mag #138Olivier Mégean (BBA 91), co-fondateur de demain.ai, et Jonathan Moioli (E14), directeur de l’IA chez NuTerms, prédisent que l’intelligence artificielle va modifier l’entreprise à tous les niveaux, car elle exige une approche globale. On vous met l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

Reflets Magazine : Quelles grandes transformations l’IA amène-t-elle dans l’entreprise ? 

Olivier Mégean : L’IA est déjà présente, de manière discrète, dans toutes les entreprises. Elle est intégrée dans l’offre des grands acteurs du numérique et, de plus en plus, dans les progiciels métiers. Elle fait partie intégrante de la transformation digitale, et sert généralement deux types d’objectifs : l’automatisation ou la création de nouveaux produits et services.

RM : Sur quels leviers de changement l’IA agit-elle ?

Jonathan Moioli : L’IA agit sur trois leviers. Premièrement, l’automatisation des processus. Celle-ci est déjà largement déployée car elle est simple à mettre en place. Un exemple concret, l’enregistrement des notes de frais : aujourd’hui, une IA peut extraire d’une photo de ticket de caisse toutes les informations nécessaires à sa comptabilisation. Deuxièmement, l’aide à la prise de décision. C’est le royaume du machine learning et du deep learning, qui permettent d’explorer d’importants volumes de données pour construire des modèles explicatifs des évènements survenus dans le passé (on parle alors de descriptive analytics), à partir desquels on peut construire des modèles prédictifs des évènements futurs (predictive analytics) et faire des choix éclairés sur la base de ces prédictions (prescriptive analytics). Parmi les applications possibles : modélisation des comportements clients, maintenance prédictive ou encore recommandations personnalisées. Troisièmement, la communication et l’accès à l’information. On entre dans le domaine du Natural Language Processing et du Text-to-Speech, grâce auxquels les machines interagissent de manière toujours plus fluide et naturelle avec les humains : personal assistants (Google Duplex, Siri, Alexa…), requêtes en langage naturel, chatbots…    

RM : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les entreprises face à l’IA ? 

O. Mégean : Souvent, l’IA est entrée dans les entreprises par la direction informatique, plutôt que par le métier. Or c’est ce dernier qui utilise l’IA, qui définit ses enjeux opérationnels et qui fixe ses objectifs stratégiques. Ce décalage pose de nombreux problèmes. 

RM : Avez-vous des exemples ?

J. Moioli : Certaines entreprises lancent des programmes pilotes mais ne parviennent pas à passer au niveau supérieur, par manque de vision ou de moyens – voire même d’envie, car c’est vraiment dans le changement d’échelle que l’IA porte ses fruits, tandis que les premières expérimentations peuvent décevoir. D’autres cherchent à internaliser l’ensemble des tâches associées à l’IA et épuisent leurs ressources à réinventer des solutions déjà disponibles sur le marché à moindre coût. D’autres enfin font l’erreur de traiter l’IA comme un sujet isolé, alors qu’il faut l’appréhender de manière cohérente et globale au travers de ses différents enjeux : stratégie, données, technologies, équipes et gouvernance. 

RM : Quels sont vos conseils aux entreprises pour faciliter l’intégration de l’IA dans leur fonctionnement ? 

O. Mégean : D’abord, acculturer les métiers en les dotant d’un socle commun de connaissances sur l’IA. Ensuite, analyser les cas d’usage les plus simples et les plus rapides à mettre œuvre, et identifier les solutions technologiques pour y parvenir. Enfin, déployer les solutions dans des délais courts, de l’ordre du trimestre ou du semestre.

J. Moioli : Il faut commencer par définir votre vision de l’IA. Celle-ci doit être inspirée par votre business et non par les technologies disponibles sur le marché, comme on le voit trop souvent. Et elle doit se traduire en objectifs formalisables et mesurables. Alors seulement, vous pourrez élaborer une stratégie data, identifier les outils et les compétences nécessaires, mettre en place les éléments de gouvernance qui permettront de piloter le projet.  

RM : Selon vous, quelle place l’IA occupera-t-elle dans l’entreprise de demain ? 

O. Mégean : L’IA va se généraliser, car les gains de productivité et d’efficacité opérationnelle qu’elle apporte sont tels que les entreprises qui seront passées à côté auront tout bonnement disparu.

J. Moioli : Andrew Ng, grand professeur de machine learning à Stanford, a cette fameuse formule : « AI is the new electricity. » Je partage sa vision. L’IA va redéfinir en profondeur la manière dont la valeur est conçue, produite et distribuée au sein des organisations et plus généralement au sein des sociétés humaines. Certains en parlent d’ailleurs comme de la dernière invention de l’Humanité, et prédisent que toutes les découvertes subséquentes seront portées par l’IA elle-même. 

 

Paru dans le dossier spécial IA de Reflets Mag #138. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer iciPour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

 

Image : © AdobeStock

J'aime
1687 vues Visites
Partager sur

Commentaires0

Vous n'avez pas les droits pour lire ou ajouter un commentaire.

Articles suggérés

Interviews

Reflets Mag #150 | « Les transports en commun constituent l’un des principaux leviers de décarbonation des mobilités »

photo de profil d'un membre

Louis ARMENGAUD WURMSER

20 décembre

Interviews

Reflets Mag #145 | Engagés pour la justice climatique

photo de profil d'un membre

Louis Armengaud Wurmser

01 février

Interviews

Reflets Mag #140 | Claire Duthu (E14) : Les mobilités vertes sont-elles sur la bonne voie ?

photo de profil d'un membre

Louis Armengaud Wurmser

06 décembre