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Reflets Mag #143 | Vincent Nallatamby (E16) : « Je suis optimiste pour l’écosystème tech en France »

Interviews

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08/06/2022

En couverture de Reflets Mag #143, Vincent Nallatamby (E16) raconte comment il a mené sa start-up Tempow depuis les couloirs de l’ESSEC et de Berkeley jusqu’au giron de Google, en seulement 5 ans. On vous met des extraits de l’article en accès libre… abonnez-vous pour lire le reste du numéro !

Reflets Magazine : Comment est né le projet Tempow ?

Vincent Nallatamby : Nous avons démarré à la fin de nos études, à l'ESSEC pour moi et à Polytechnique pour mes associés, Thomas et Julien. Nous étions très naïfs au départ dans notre approche, avec un manque de connaissances évident, mais évidemment très motivés. Le tout premier produit sur lequel nous avons travaillé, c'était un logiciel intégré au smartphone afin de pouvoir connecter deux enceintes entre elles en Bluetooth. Il s'agissait de faire de la stéréo sans câble. Le deuxième aspect de ce produit était de connecter deux casques entre eux avec l'idée de permettre à deux personnes de pouvoir regarder un film sur un ordinateur ou une tablette, avec chacun son casque sur les oreilles. Nous avons donc commencé à travailler à la modification des téléphones Android, en partenariat avec quatre ou cinq marques chinoises de smartphones, mais ce n'est que par la suite que nous avons opéré un pivot vers ce qui deviendra le produit phare de Tempow, c'est à dire un OS, un operating system, pour écouteurs sans fil comme les AirPods de chez Apple.

RM : Vous avez donc pas mal tâtonné à vos débuts…

V. Nallatamby : Oui, mais ça s’est fait très naturellement. Lors des deux premières années de Tempow, on a rencontré à peu près toutes compagnies de la Tech de la planète, on est allés plusieurs fois à Suwon, au siège de Samsung en Corée par exemple. On a signé pas mal de contrats, et c'est au fur et à mesure du développement du projet que nous avons acquis une véritable compréhension du marché. Cela nous a donc pris un peu de temps avant de trouver le bon positionnement. Le moment clé, c'était quand Apple a lancé ses AirPods avec le succès que l'on sait, un véritable raz-de-marée, probablement le plus gros démarrage commercial du marché de l'électronique grand public depuis le lancement de l'iPhone. À partir de là, nous étions définitivement convaincus de la direction à prendre. Avec notre petite équipe, notre expertise et le bon positionnement dans l'industrie, nous pouvions devenir un fournisseur software pour toutes les marques concurrentes d'Apple qui voulaient aussi faire leurs AirPods.

[…]

RM : Cinq ans seulement après sa création, Tempow est racheté par Google. Cela ne donne pas un peu le vertige ?

V. Nallatamby : Ma réponse va peut-être vous étonner, mais c'est presque l'inverse. Lorsque l’on travaille dans la Tech, ce genre de rachat peut au contraire passer pour un accomplissement un peu petit par rapport à des start-up qui, au bout de quatre ou cinq ans, comptent déjà des centaines d’employés et génèrent plus de 100 millions de dollars de chiffre d'affaires. On voit plutôt ce rachat comme une étape, comme un premier petit succès qui en appelle d’autres. Nous sommes contents d’avoir attiré l’attention de Google, qui fait partie de ces belles compagnies qui ne cessent d'innover, ce qui prouve que nous étions sur une direction technologique intéressante. Évidemment, ce n'était pas notre ambition de départ, on voulait aller plus haut, plus loin.

RM : Comment le vivez-vous, alors ?

V. Nallatamby : Nous sommes satisfaits du résultat, même si ce n’est pas celui dont nous rêvions. Cela ne fait que décupler nos envies et notre ambition pour nos prochains projets. D'autant plus que le fait d'avoir sur une carte de visite une acquisition réussie auprès de Google permet d'ouvrir certaines portes et d'avoir de nouvelles perspectives. Travailler à Mountain View, c’est très sympa aussi. Tu es dans le cœur de la Silicon Valley, au milieu d'équipes solides. C'est un moyen pour moi de continuer à apprendre. Nous avons eu d'autres propositions d'acquisition, mais nous n'étions pas convaincus que nous pourrions continuer à progresser autant que chez Google.

RM : Quelles sont les raisons pour lesquelles, selon vous, Google s'est intéressé à votre start-up ? Faut-il s'attendre à une vaste offensive de Google dans l'audio ?

V. Nallatamby : Je ne peux pas commenter la stratégie de Google, en revanche les raisons de notre rachat sont, je pense, assez claires : d'une part, pour bénéficier de la technologie que nous avons développée ainsi que des brevets et de la propriété intellectuelle qui y sont associés, et d’autre part pour l'équipe, qui est en mesure de maintenir et d'améliorer cette stack techno. Acheter une technologie sans convaincre l'équipe qui a contribué à son développement et qui est capable de la faire vivre, c'est un peu un coup d'épée dans l'eau. C’est le meilleur moyen de jeter de l’argent par la fenêtre. La technologie et l’équipe sont les deux aspects clés de cette acquisition.

RM : Toute l'équipe Tempow est donc passée chez Google ?

V. Nallatamby : Oui, dans la mesure où Google a acheté l'entité Tempow qui, de facto, est devenue une filiale de Google. Ensuite, il y a eu des discussions sur le déménagement de certains collaborateurs de Paris vers la Californie. Pour Google, il était absolument indispensable que les principaux employés soient basés en Californie, et aujourd'hui la plupart d'entre eux sont installés là-bas. C’est mon cas.

RM : Comment sont perçus les Français de la French Tech ? Les Américains portent-ils sur eux un regard particulier ?

V. Nallatamby : […]

 

Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets Mag, et Michel Zerr, correspondant pour Reflets Mag

Paru dans Reflets Mag #143. Pour voir un aperçu du numéro, cliquer iciPour recevoir les prochains numéros, cliquer ici.

 

Image : © Frédéric Neema Photography

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