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Alexia Leleu (M09), PDG de la Maison Leleu : « Relancer une entreprise, c’est trouver le bon dosage entre tradition et modernité »

Interviews

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09/01/2018

En 1973, la Maison Leleu, spécialisée dans la création de mobiliers et réputée dans le monde entier, cesse ses activités. 45 ans plus tard, Alexia Leleu (M09) quitte l’industrie pharmaceutique pour relancer l’entreprise familiale. Un vrai changement de décor – dont elle nous fait découvrir les coulisses. 

EA : Pourquoi avoir décidé de relancer cette maison familiale, aujourd'hui ? 

A. Leleu : Je n’ai pris la mesure de l’importance de la Maison Leleu dans l’histoire de l’art qu’en arrivant à l’âge adulte. Depuis, je me sens le devoir de prolonger cet exceptionnel héritage, tout en ayant envie d’y apporter mon empreinte. J’assume cette ambivalence : elle est à l’image de notre époque, à la fois avide de nouvelles technologies et demandeuse d’un retour aux sources – au sens et aux valeurs.

EA : Comment s'y prend-on pour redonner vie à une maison en sommeil depuis 45 ans ?

A. Leleu : Avant toute chose, j’ai dû m’improviser détective privée ! Il m’a fallu mener une véritable enquête pour retrouver les archives et les dessins d’origine, et pour comprendre pourquoi la Maison Leleu avait fermé ses portes – un impayé du Shah d’Iran…
Ensuite, j’ai intégré l’École Boulle pour suivre une formation en histoire de l’art, du mobilier, des modes de vie et de l’habitat. J’ai aussi lu beaucoup d’ouvrages sur la propriété intellectuelle, et appris à manier Photoshop et Illustrator.
Ceci fait, j’ai réfléchi à ma stratégie. Primo : respecter l’histoire de la Maison Leleu, sur laquelle repose la notoriété de la marque. Deuxio : veiller à la qualité de la fabrication, pour se positionner dans le secteur du luxe. Tertio : intégrer des touches de modernité, en adaptant les couleurs et les motifs aux goûts du jour, et en communiquant sur les réseaux sociaux, notamment Instagram
Au final, il s’agit de trouver le bon dosage entre tradition, en respectant les techniques éprouvées du passé, et innovation, en développant une esthétique contemporaine. Une recherche d’équilibre qu’on retrouve dans ma première collection de tapis, baptisée « Itinérance ». J’ai opté pour le noué main, comme mes ancêtres, plutôt que de recourir au turf, procédé automatisé qu’utilisent plusieurs de mes concurrents. Et j’ai choisi 12 dessins historiques, que je propose aussi bien dans leur coloration d’origine que dans des teintes plus actuelles, sélectionnées par mes soins. Deux modèles seront présentés lors du Salon Déco Off à Paris, du 15 au 22 janvier à l’Hôtel Bel Ami.

EA : Quels sont vos projets et ambitions pour la marque ? 

A. Leleu : Je veux redonner à la Maison Leleu la place qu’elle occupait avant sa fermeture en France et à l’international. La collection « Itinérance » est un premier pas dans cette direction : ces tapis, signés et numérotés, seront distribués dans des enseignes prestigieuses, et présentés à des décorateurs et architectes d’intérieur de renom pour qu’ils la proposent à leur clientèle.
Pour grandir vite, j’explore déjà plusieurs pistes : partenariat avec un gros distributeur, levée de fonds, recherche d’associés… Je prévois en outre de lancer avant l’été 2018 ma première collection de papiers peints. Ensuite, pourquoi pas les luminaires et le mobilier ?

EA : Comment gère-t-on la transition d'une carrière de 8 ans au sein du groupe Bristol-Myers Squibb à l'entrepreneuriat ? 

A. Leleu : J’ai eu la chance d’avoir un employeur très conciliant. Bristol-Myers Squibb s’inspire énormément du modèle start-up et souhaite en acquérir l’agilité. Très favorables à l’intrapreneuriat, ils m’ont accompagnée dans mon projet en m’offrant pendant un an les services d’un consultant d’Altedia, qui m’a notamment guidée dans le choix de mes statuts et la création de mon business plan.
Par ailleurs, je continue d’utiliser l’ensemble des compétences acquises chez Bristol-Myers Squibb : gestion de projet, prévisions de ventes, négociation, management transversal… Même si en tant qu’entrepreneur, on en apprend tous les jours !

EA : Vos études à l'ESSEC et les services d'ESSEC Alumni vous ont-ils aidée dans votre parcours ?  

A. Leleu : L’ESSEC m’a donné les bases indispensables à la gestion d’une société. J’ai en outre rencontré des alumnae exceptionnelles, comme Valérie Dailly (E84) et Anis Rezigue (M14), qui m’ont donné le goût d’entreprendre et m’ont poussée à aller au bout de mon rêve.
Plus largement, je suis convaincue que le réseau peut avoir une portée énorme. Qui sait ? Peut-être trouverai-je mes futurs clients ou associés parmi les diplômés de l’ESSEC ?

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E11)

 

En savoir plus :

www.maisonleleu.com

 

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