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Jeunes diplômés : intelligence émotionnelle, indicateur d’avenir ?

Avis d'experts

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08/01/2018

En attendant votre prochain entretien individuel avec ses coachs, le Service Carrière d’ESSEC Alumni vous donne ses conseils pour évoluer dans le marché du travail. Aujourd’hui, Aarti Ramaswami, professeure et directrice académique de l’ESSEC Global MBA, présente les résultats d’une étude qu’elle a menée sur le pouvoir de l’intelligence émotionnelle, notamment chez les jeunes, en tant qu’accélérateur de carrière. 

ESSEC Alumni : Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle (IE) ?

Aarti Ramaswami : L’intelligence émotionnelle est décrite comme une combinaison d’aptitudes permettant de déchiffrer, contrôler et mobiliser ses émotions pour motiver, organiser et agir.

EA : Quels sont vos conseils pour développer un niveau d’IE ?

A. Ramaswami : Il s’agit d’abord de développer sa conscience émotionnelle. Faire un effort soutenu pour recenser ses propres pensées et ses réactions émotionnelles face aux situations. Être en mesure d’identifier l’émotion qui vous anime, la nommer… c’est déjà s’engager vers la gestion de cette émotion, vers un développement de son IE. Tenir un journal de bord dans lequel vous écrivez les événements quotidiens, en écho les émotions ressenties et ce que vous auriez pu mettre en place pour gérer au mieux la situation, est également un excellent exercice de développement.
Outre cet effort de conscientisation, nous suggérons deux autres types d’exercices : d’abord, trouver de nouveaux défis en termes de projets d’équipe. Si vous êtes confrontés à des interactions sociales compliquées, vous apprendrez à gérer les sujets complexes et anxiogènes. Enfin, trouver avec l’aide de mentors ou de coachs des objectifs qui vous engageront à mieux intégrer le réseau social de votre société, à développer vos compétences sociales dans un état d’esprit approprié.

EA : Daniel Goleman a fait connaître l’IE au grand public ; quelle a été votre propre démarche ?

A. Ramaswami : Avant même le succès de son ouvrage, de nombreuses recherches sur l’IE avaient été réalisées, présupposant des liens avec le leadership et l’efficacité du management. Notre étude porte sur la relation entre l’IE et la notion de succès de carrière. 

EA : Comment expliquez-vous ce lien entre IE et succès de carrière ?

A. Ramaswami : Prenons un instant pour observer la progression spectaculaire de tel collègue aux résultats pourtant similaires aux nôtres... et nous réalisons que l’ingrédient finalement le plus important dans un écosystème donné n’est autre que la coopération sociale.
C’est en l’engageant que les projets avancent et se concluent avec le plus de chance de succès.
Et ce sont les personnes les plus douées pour construire de solides relations interpersonnelles qui partent et progressent avec une avance considérable.
Ce talent permet d’accéder de manière fluide à l’information, de mobiliser avec naturel les connaissances, les expériences et les expertises internes, d’obtenir une somme de soutiens transverses qui facilitent considérablement les processus de décision et, in fine, de mener à bien et de réussir les projets concernés.

EA : Vous avez étudié les démarrages de carrière ; sur quel échantillon d’individus avez-vous travaillé ?

A. Ramaswami : Nous avons utilisé les données de 126 alumni recueillies pendant leur cursus universitaire, puis lors des dix premières années de leur vie professionnelle. Ce sont, d’après les experts en développement professionnel, des années significatives car elles illustrent très clairement la manière dont les individus s’établissent et progressent. Notre étude montre une relation empirique entre IE et succès de carrière. 

EA : Pouvez-vous nous expliquer le lien que vous établissez entre IE et succès du mentoring ?

A. Ramaswami : Nous observons en effet que le résultat d’un mentoring est proportionnel à la somme des IE du binôme concerné. L’IE agit sur la création et surtout sur le maintien de liens durables avec le mentor, une relation à long terme au service de la valorisation des parcours. En outre, un mentee à forte IE est par définition plus ouvert aux feedbacks, aux suggestions de progression, et nourrit positivement la relation. Plus apte à percevoir, à comprendre et à gérer les émotions, il devient une aide inestimable dans les situations interpersonnelles complexes, ce qui profite également au mentor dans une logique de reverse-mentoring.
En somme : mettez un niveau élevé d’IE chez un jeune diplômé et il devient tout d’un coup plus attirant pour un mentor potentiel, et démultiplie les bénéfices qu’il peut tirer d’une opération mentoring.

EA : Pourquoi est-il opportun de prévoir l’IE dans le contenu des programmes académiques ?

A. Ramaswami : Les résultats de notre étude montrent que c’est en démarrage de carrière que l’IE est particulièrement segmentante, au point de pouvoir avancer que l’IE est un indicateur de présage d’une carrière réussie sur le long terme. Se concentrer sur les compétences sociales et émotionnelles d’un individu en construction est par conséquent tout aussi important que son apport en compétences cognitives, car ses bénéfices s’étendent bien au-delà de la maîtrise académique d’une expertise.

 

Propos recueillis par Solveig Debray Sandelin.

 



Illustration : Aarti Ramaswami

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