Ingénieure agronome et diplômée d'un Master en Strategic Management of International Business de l'ESSEC, Elisabeth Gaillarde confie avoir appris, avec humilité, à gérer la complexité tout au long de son parcours. Elle est aujourd’hui Directrice RSE & Compliance du Groupe Claire, qui regroupe plusieurs entités spécialisées dans l’amélioration de la performance des réseaux d'eau. Elle a accepté de témoigner afin de partager ses convictions sur la conduite de trajectoires de durabilité.

E.S.B.: Quel est ton parcours et qu'est-ce qui t'a amenée à t’intéresser au sujet de la RSE ?

EG: « Durant mes études d’ingénierie agronomique dans les années 90, je me suis passionnée pour l’équilibre entre l’agriculteur, son activité, son rôle sociétal et son lien avec l’environnement. J’ai choisi une spécialisation en environnement, ce qui était assez atypique à l’époque. Cette sensibilité m'a conduite à réaliser une thèse en socio-économie de l’environnement, axée sur les motivations des agriculteurs à adopter des pratiques durables.

J’ai commencé mon parcours dans le secteur public (INRA, Chambres d’agriculture), puis à l’ADEME, où j’ai co-développé le Bilan Carbone® avec Jean-Marc Jancovici. C’est là que j’ai découvert l'importance du service client. Forte de ces expériences, j’ai intégré le secteur privé — d’abord chez Veolia, puis chez Colas (groupe Bouygues).

Entre les deux, j’ai enrichi mon expérience avec un Executive Master de l’ESSEC afin d’améliorer mes connaissances en business international. J’ai ensuite expérimenté l’entrepreneuriat avec le projet d'un fonds d’impact et du conseil en RSE. Depuis un an, je pilote la RSE et la conformité du Groupe Claire, acteur engagé dans la préservation de la ressource en eau. »

E.S.B.: La RSE, concrètement dans ta vie ?

EG: « La RSE, c’est être consciente de mes choix, de pourquoi je les faits, et de les assumer. Avec cette approche, je suis loin d'être un modèle parfait, mais je vis en harmonie avec moi-même et avec ma contribution au monde, en tant que “petit colibri”.
J’essaie d'être plus attentive à mon “ombre”—c’est-à-dire à ma capacité d’influence, de mobilisation—plutôt qu’à mon empreinte individuelle, car c’est là que mon impact est le plus grand… »

E.S.B.: Comment définis-tu la RSE ?

EG: « La RSE, c’est une démarche stratégique ayant pour objectif d’ancrer la durabilité au cœur de l’entreprise.
Il s’agit de comprendre les contraintes et évolutions de l’écosystème afin de proposer des solutions innovantes et durables, tout en embarquant équipes et partenaires dans cette transformation. Cette dimension systémique est fondamentale ; c’est le cadre dans lequel s’exerce la responsabilité de l’entreprise.
J’irais même jusqu’à rebaptiser la RSE en Responsabilité Systémique de l’Entreprise ! »

E.S.B.: Comment est-ce un catalyseur business et quel retour sur investissement ?

EG: « La RSE est un catalyseur business essentiel. Elle répond non seulement aux attentes des parties prenantes en matière de durabilité, mais elle identifie également de nouveaux relais de croissance.
En intégrant la RSE dans leur modèle d’affaires, les entreprises renforcent leur résilience et améliorent leur performance, tout en ayant un impact positif sur la société.
Le retour sur investissement le plus important — démontré par de nombreuses études — est que cette approche systémique permet de mieux appréhender et d’anticiper les risques. »

E.S.B.: Que souhaiterais-tu dire aux Alumni ESSEC du Club et autres ?

EG: « Mon message aux alumni est que cette vision systémique de la transition écologique et sociale est un défi collectif qui nécessite l’engagement de chacun.
Que vous soyez entrepreneur, manager ou consultant, vous avez un rôle à jouer.
N’ayez pas peur d’innover, de questionner les modèles établis et de collaborer avec d’autres afin de créer un impact positif.
Ensemble, nous pouvons construire un avenir durable et inclusif : vu sous cet angle, la RSE est source de joie ! »