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Stéphane Allio (EXEC M05) : « Nous recherchons 1 M € pour la lutte contre le cancer de la prostate »

Interviews

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12/12/2023

Avec son agence Pure Moment, Stéphane Allio (EXEC M05) aide l’Association Française d’Urologie (AFU) à lever des fonds pour la lutte contre le cancer de la prostate. Explications. 

ESSEC Alumni : Le cancer de la prostate est-il fréquent ? 

Stéphane Allio : En 2018, on dénombrait près de 60 000 nouveaux cas en France métropolitaine soit 25 % de l’ensemble des cancers incidents masculins, pour 8 100 décès, soit le 3e rang des décès par cancer chez l’homme. 

EA : Certains profils s’avèrent-ils particulièrement à risque ? 

S. Allio : L’âge médian au diagnostic s’élève à 69 ans – mais plus on cherche tôt, plus on trouve… La génétique intervient aussi dans 1 cas sur 3, ce qui explique notamment pourquoi le risque est 2,2 fois plus élevé en cas de cancer de la prostate chez le père, 3,4 fois plus élevé en cas de cancer de la prostate chez un frère, mais aussi 2 fois plus élevé en cas de cancer du sein et 1,7 fois en cas de cancer de l’ovaire chez la mère ou une sœur. Sans oublier l’ethnie : la plus forte incidence mondiale se situe aux Antilles françaises car le territoire combine facteurs de risque génétiques et système de santé suffisamment performant pour que les hommes non seulement atteignent l’âge où le cancer de la prostate mais aussi accèdent relativement facilement au dépistage et au diagnostic.

EA : À quels symptômes faut-il prêter attention ? 

S. Allio : Si on attend des signes, on risque de dépasser le stade où la guérison est encore possible. Il faut anticiper en consultant régulièrement son urologue à partir de 50 ans. Ce dernier estimera le risque individuel du patient et lui proposera une démarche de détection précoce. La surveillance se basera sur le toucher rectal, le contrôle du taux de PSA (antigène spécifique présent dans le sang) et éventuellement une IRM dont la combinaison et la fréquence seront adaptées à chaque profil.

EA : Quels sont les traitements existants ? 

S. Allio : Les traitements curatifs peuvent inclure une prostatectomie (ablation totale), une radiothérapie externe ou encore une curiethérapie. Il existe en outre un traitement focal en cours d’expérimentation qui consiste à retirer uniquement la zone concernée par le cancer et à laisser le reste de la prostate intact pour éviter les risques d’impuissance et d’incontinence.

EA : Quid des traitements palliatifs ?

S. Allio : Comme leur nom l’indique, ils ne permettent pas de guérir mais prolongent la survie des malades. On peut citer l’hormonothérapie, qui diminue le taux d’hormones mâles (androgènes) disponibles « nourrissant » la tumeur, la radiothérapie vectorisée, qui fixe un élément radioactif à un anticorps allant se fixer sur les cellules cancéreuses, ou encore le traitement ciblé, qui utilise des inhibiteurs pour s’attaquer aux cellules porteuses de la mutation génique à l’origine du cancer.

EA : Quelle incidence un dépistage précoce a-t-il sur les chances de rémission ?

S. Allio : Il existe une seule étude de qualité sur le sujet mais elle a été menée à l’échelle européenne avec des résultats probants : le dépistage diminue de plus de 20 % le taux de mortalité par cancer de la prostate. Une efficacité comparable à celle du dépistage du cancer du sein. 

EA : Face à ce constat, quelles actions l’Association Française d’Urologie (AFU) mène-t-elle ? 

S. Allio : L’AFU mène des actions de sensibilisation sur le dépistage précoce du cancer de la prostate. Outre des campagnes de communication sur les réseaux sociaux, elle organise chaque année une ascension du mont Ventoux avec 500 cyclistes de toutes conditions (patients, soignants, proches aidants, chercheurs). L’édition 2024 s’inscrira dans le cadre de la Caravane du Tour de France, dont elle sera la cause officielle. 

EA : Quel est l’objectif de cette opération ? 

S. Allio : Il s’agit d’attirer l’attention et de promouvoir les bienfaits du sport-santé pour les patients. L’impact positif de l’activité physique est largement démontré dans le cas du cancer du sein et du colon : on constate notamment une diminution de la fatigue de 37 % quel que soit le stade de la maladie, une atténuation des effets secondaires de certains traitements, une amélioration de l’image corporelle et du sommeil, une réduction de l’anxiété et des symptômes dépressifs… Mais on manque de données dans le cas du cancer de la prostate. L’AFU conduit donc une étude dite « Sportate » sur le sujet, qui vise à évaluer la survie sans traitement complémentaire mais avec pratique quotidienne du vélo après prise en charge initiale, et l’ascension du Mont Ventoux constitue un moyen pour financer ces recherches.  

EA : Comment les alumni peuvent-ils soutenir l’opération ? 

S. Allio : L’AFU a besoin de lever environ 1 M €. Nous proposons plusieurs niveaux de partenariat aux entreprises, dont les dons viendront abonder le Fonds d’innovation de l’AFU et qui, en échange, bénéficieront de la caisse de résonance médiatique associée à l’ascension du Mont Ventoux et plus largement au Tour de France. Par ailleurs, à l’échelle individuelle, vous avez tous et toutes un rôle à jouer en nous donnant de la visibilité et en partageant notre initiative dans vos réseaux !

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni

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