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Un mois, un Alumni Essec Engagé, Jamal OUAZZANI E(14): «Ne pas avoir peur d'embrasser la complexité du monde dans lequel nous vivons.»

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Sustainable Business

26/03/2024

 ‘Artiviste’ et conférencier sur des sujets de diversités et d'inclusion, Jamal a su enrichir son champ de compétences par un Master en Cinéma à La Sorbonne et une formation DEI à Brown University.Diplômé dun Master en Management, Business et Marketing à l'ESSEC, Jamal est devenu scénariste et réalisateur de films, puis la voix derrière JINS, le 1er podcast sur l’amour, les sexualités et le genre dans les contextes arabes et/ou musulmans. Le podcast dépasse déjà 450 000 écoutes uniques et rassemble une communauté de 30 000 abonné•es, en France, aux USA et dans le monde arabe

E.S.B. : Quel est ton parcours et qu’est ce qui t’a amené à t’intéresser au sujet de la RSE ? 

J.O : Mon parcours est marqué par un mélange riche de cultures et d'identités.Né de l'union entre la France et le Maroc, j'ai toujours vécu entre deux mondes, ce qui m'a permis de comprendre très tôt la valeur de la diversité et l'importance de l'inclusion.Cette dualité culturelle, loin d'être une contrainte, est devenue une force, m'offrant une perspective unique sur le monde. Après avoir entamé ma carrière dans les agences de publicité, j'ai rapidement pris conscience des limites de ces environnements en termes de représentation et d'inclusion des minorités.Ma passion pour le changement social m'a poussé vers le cinéma et la création de contenus qui défient les stéréotypes, culminant dans la création de JINS, le premier podcast dédié à la sexualité des personnes arabes et/ou musulmanes. Mon intérêt pour la RSE découle naturellement de ce parcours, me permettant de combiner mon engagement pour la diversité et l'inclusion avec le désir d'apporter un changement positif dans le monde de l'entreprise.

E.S.B. : la RSE concrètement dans ta vie ? 

 J.O: Dans ma vie, la RSE se manifeste à travers l'engagement quotidien pour une société plus juste et inclusive. Tout en ayant une démarche écoféministe, qui prenne en charge la contestation du système capitalo-patriarcal actuel, j’ai fait le choix de me concentrer plus sur le S de la RSE, qui revient à mettre en lumière la DEI (Diversité, Équité & Inclusion). Au travers de mes conférences dans les grandes universités (Cornell) ou dans les entreprises du CAC 40, au quotidien dans mon cybermilitantisme, très souvent dans mes démarches artistiques, l’approche des identités intersectionnelles est consubstantielle à mon travail. C’est le fil conducteur qui guide mes actions et mes décisions, visant toujours à créer un impact social positif. 

 E.S.B. : Comment définis-tu la RSE ? 

J.O: Je définis la RSE comme l'engagement d'une entreprise à opérer de manière éthique, en prenant en compte les impacts sociaux, économiques et environnementaux de ses activités. Cela va au-delà de la simple conformité légale ou du souci de l'image ; c'est une approche holistique qui intègre la responsabilité sociale dans le coeur même de la stratégie d'entreprise. Il faut avoir le courage de faire des choix qui ne sont pas juste bon pour le business, mais justes tout court ! Il faut aller dans le sens d’une justice sociale et environnementale, plus que de resté agrippé à la performance financière, à tout prix. En tous cas, il ne faut plus que ce soit au prix de l’humain et de son environnement.

E.S.B : Comment est-ce un catalyseur au business et avec quel type de ROI ? 

 J.O: L’intersectionnalité, issu de la pensée de la juriste afro-américaine Kimberlé Crenshaw, n’est pas qu’un outil pour rendre visible et audible les discriminations. C’est aussi un instrument merveilleux de rappel à l’ordre sur la beauté de nos identités plurielles et leur richesse potentielle pour l’entreprise. L’intersectionnalité, c’est aussi bénéficier d’une double ou triple culture. C’est aussi naître trilingue. Toutes les études internationales et nationales montrent à quel point la diversification des profils dans les équipes, dans le management et dans le leadership exécutif a une corrélation positive avec la performance financière de l’entreprise. McKinsey avait identifié que statistiquement, le quartile supérieur des entreprises les plus diverses en termes de genre est 15 % plus susceptible d'avoir des rendements financiers supérieurs à leurs médianes nationales respectives. Encore plus intéressant : ce chiffre monte à +25% quand on conjugue diversité et mixité ethnique ! Avoir une stratégie D&I intersectionnelle est corrélé à une meilleure performance financière. 

E.S.B : Que voudrais tu dire aux Alumni ESSEC du Club et autres ? 

J.O: Il ne faut plus avoir peur d'embrasser la complexité du monde dans lequel nous vivons. Osons parler de religion en entreprise, osons aborder la question raciale en entreprise, osons inviter des personnes concernées par le racisme, le classisme et l’homophobie à la fois parce que leurs voix doivent être entendues. Soyons les champions du changement que nous souhaitons voir dans le monde : un monde inclusif, écoresponsable, économiquement stable, mu par l’empathie plutôt que la course au profit, qui respecte toutes les identités, aussi intersectionnelles soient-elles. Nous pouvons être acteur•ices de cette révolution de la RSE / DEI !


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