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Reflets Mag #152 | Marc Benayoun (E89), directeur exécutif du groupe EDF

Interviews

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18/04/2024

Reflets Mag invite en couverture de son prochain numéro Marc Benayoun (E89), directeur exécutif du groupe EDF en charge du pôle clients, services & territoires, qui accompagne 26 millions de particuliers, entreprises et collectivités locales dans la réduction de leurs factures et de leur empreinte carbone. Au sommaire : transition énergétique, avenir du nucléaire français et réforme du marché de l’électricité. Découvrez un extrait de l’article en avant-première… et pour lire les prochains numéros, abonnez-vous !

Reflets Magazine : Après votre sortie de l’ESSEC et un passage chez BNP, vous vous orientez vers le secteur énergétique en intégrant le Boston Consulting Group. Pouvez-vous nous dire un mot sur cette première expérience internationale ?

Marc Benayoun : J’ai appris beaucoup de choses pendant ces quinze années passées au BCG, ce fut une très belle expérience, mais lorsqu’on est consultant il arrive un moment où on a envie de faire des choses par soi-même. Parce que finalement nous passons notre temps à comprendre des mécanismes économiques et business pour apporter à nos clients des préconisations afin qu’ils fassent mieux, et puis un jour on se dit : « Si moi-même je prenais le manche, cela donnerait quoi ? ». Et comme j’avais beaucoup travaillé dans le secteur de l’énergie, je suis allé voir le président d’EDF de l’époque, Pierre Gadonneix, avec lequel j’avais travaillé, qui m’a fait rencontrer des cadres dirigeants de l’entreprise. Ils m’ont fait une proposition que j’ai trouvée intéressante, c’est aussi simple que cela.

RM : Vous êtes depuis cinq ans directeur exécutif groupe en charge du pôle clients, services et territoires ; quelles sont les activités de votre pôle plus précisément ?

M. Benayoun : Le pôle porte les offres d’EDF auprès de toutes les catégories de clients, du particulier aux plus grandes entreprises, de fourniture d’électricité et de gaz bien sûr, mais aussi des offres de services qui sont aujourd’hui essentiellement destinées à aider les clients à réduire leur consommation. Cela peut sembler contre-intuitif, étant donné que les industriels visent habituellement à accroître leurs ventes. Mais l’électrification et les nouveaux usages induisent une croissance globale de la demande électrique. Dans cette transition énergétique, aider nos clients à mieux consommer est donc dans leur intérêt autant que dans celui du système. Notre gamme de services répond aussi aux besoins de décarbonation de nos clients qui souhaitent réduire leur empreinte énergétique, avec des solutions très différentes selon qu’elles s’adressent à des particuliers ou à des entreprises.

RM : Quels sont les grands défis qu’EDF aura à relever au cours des prochaines années, et quelles sont les grandes actions déjà engagées au sein de votre groupe en faveur de la transition énergétique ?

M. Benayoun : L’une des plus grandes actions engagées en faveur de la transition énergétique, nous l’avons faite sans le savoir au début des années 1970 avec le programme nucléaire français. Il avait été développé à l’époque dans un souci d’indépendance énergétique et de maîtrise des coûts dans un contexte de crise pétrolière. Une autre vertu de ce programme, mais qui ne se révèlera finalement que plus tard, est que l’électricité nucléaire ne produit pas de CO2. Nous avons donc la chance d’avoir un mix énergétique naturellement très peu carboné et en même temps pilotable. C’est-à-dire que nous disposons à la fois d’énergies renouvelables, qu’il s’agisse des barrages ou des éoliennes, et par ailleurs du nucléaire qui, lui, peut être piloté, ce qui nous permet de choisir les heures de production. L’énergie produite en France par EDF est donc très faible en taux de CO2, ce qui représente un avantage considérable pour notre pays, car cela donne une véritable valeur au remplacement des autres énergies par de l’électricité. Si par exemple on parle de mobilité électrique dans un pays où l’électricité est produite par des centrales à charbon, on se contente de simplement déplacer le problème. En revanche, en France, lorsqu’on passe d’un véhicule essence à un véhicule électrique ou d’une chaudière au gaz à une pompe à chaleur électrique, ce sont des gains que l’on peut mesurer, c’est une très grande caractéristique de la France. Pour nous, l’un des enjeux est donc de conduire ce déploiement d’électricité à travers tous les pans de l’économie, tout en réduisant l’empreinte carbone du pays. L’autre enjeu est de maintenir notre outil nucléaire en remplaçant progressivement les centrales qui vont arriver en fin de vie ; on se prépare à nouveau à réaliser des investissements massifs, de plus de 50 milliards d’euros, pour prolonger l’exploitation de notre parc nucléaire existant.

RM : Avec le temps, les centrales actuelles représentent-elles un risque ?

M. Benayoun : Le parc nucléaire français est dans un très bon état, contrôlé par deux autorités de sûreté après chaque arrêt de tranche pour entretien ou pour remplacement de combustible. Parce qu’il est aujourd’hui un peu âgé, cela nécessite davantage d’arrêts pour maintenance, mais le niveau de sûreté est excellent, les autorités de sûreté sont intraitables à ce sujet et il est juste qu’elles le soient. Le vieillissement ne se traduit pas par des risques accrus mais plutôt par un peu moins de disponibilité.

RM : Quelle devrait être la juste place du nucléaire dans le mix énergétique en France ?

M. Benayoun : La loi prévoit que le taux de couverture actuel, qui est un peu supérieur à 70 %, soit ramené à 50 % de manière à permettre le développement d’énergies renouvelables qui sont maintenant économiquement attractives, et ce 50/50 permettra de bien couvrir les variations de production du renouvelable. Pour autant, il n’existe pas de chiffre magique, l’important étant d’avoir suffisamment de nucléaire pour couvrir ces besoins. L’idée est d’accueillir et de favoriser des investissements dans l’éolien, dans le solaire, l’éolien offshore représentant une formidable opportunité pour la France qui est bordée de beaucoup de côtes avec du vent, ce qui permet des taux de charges très élevés, pratiquement le double de ce que peuvent produire les éoliennes au sol. Il y a donc toute une industrie qui peut se développer, qui peut produire de l’électricité rentable pour couvrir les besoins nouveaux.

RM : Et quel est l’avenir du nucléaire dans la production électrique au niveau mondial ?

M. Benayoun : Sa part a beaucoup baissé depuis une vingtaine d’années pour se situer aux alentours de 11 % de la couverture des besoins mondiaux en électricité, alors qu’historiquement ce taux était de l’ordre de 15 ou 16 %. On produit toujours beaucoup d’électricité nucléaire dans le monde mais cela n’a cessé de baisser en proportion. En revanche, il existe des programmes nucléaires dans de nombreux pays, notamment en Chine et en Inde, qui investissent massivement dans cette technologie ; ce taux devrait donc remonter dans un futur relativement proche, sans pouvoir imaginer atteindre un jour un taux de 50/50, beaucoup de pays n’étant pas en mesure d’investir dans le nucléaire, que ce soit financièrement, technologiquement ou en matière de sécurité.

RM : EDF est-elle présente en Inde et en Chine ?

M. Benayoun : Oui, nous avons investi dans deux EPR en Chine qui sont désormais opérationnels dans la centrale de Taïshan, près de Shenzhen dans le Sud-Est du pays. Et puis nous participons depuis quelques années à un grand appel d’offres pour la réalisation de nouvelles centrales en Inde, mais il ne s’agit pas encore d’une activité majeure pour EDF car c’est un processus long, avec des étapes très en amont.

RM : EDF sera-t-elle en mesure de répondre à une plus grande demande en énergie électrique ?

M. Benayoun : [suite de l’article à découvrir dans Reflets Mag #152]

 

Propos recueillis par François de Guillebon, rédacteur en chef de Reflets Mag, et Michel Zerr, correspondant pour Reflets Mag

À paraître dans Reflets Mag #152. Recevoir les prochains numéros.


Image : © Arnaud Calais

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