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Mickaël Berrebi (E13) : « Nous avons des solutions aux violences actuelles »

Interviews

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07.01.2025

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Mickaël Berrebi (E13) publie Un monde de violences, et après ?  avec Jean-Hervé Lorenzi aux Éditions Eyrolles. La suite d’un ouvrage paru 10 ans plus tôt, dont les prédictions sur un monde au bord de la bascule se sont amplement vérifiées. Aujourd’hui, il anticipe de nouvelles crises – tout en refusant le fatalisme. Entretien.

EA : Pourquoi avoir souhaité donner une suite à votre premier opus sur le sujet, paru 10 ans plus tôt ? 

Mickaël Berrebi : À l’époque, nous alertions sur un monde au bord de la bascule. Le terreau économique nous paraissait propice à l’apparition d’affrontements, commerciaux comme physiques. Nous anticipions ainsi une décennie 2015-2030 marquée par la montée des violences, voire des guerres. Aujourd’hui, ce diagnostic se révèle malheureusement vérifié. C’est pourquoi il nous a semblé essentiel d’en proposer une suite. D’une part, pour faire le bilan de ce que nous avions anticipé ; d’autre part, pour porter un message tourné vers l’action. L’enjeu n’est plus seulement d’alerter mais aussi d’être force de proposition. Ainsi, après la première partie décrivant les six contraintes qui pèsent sur l’économie mondiale et qui sont, selon nous, à la source de violences, la seconde partie du livre présente 14 pistes concrètes, lucides sur la situation mais résolument constructives, pour éviter que les déséquilibres actuels ne dégénèrent en chaos.

EA : Lesquelles de vos prévisions pour la période 2015-2030 se sont-elles confirmées ?

M. Berrebi : Nous avions annoncé un monde plus violent, plus instable. Le retour de la guerre en Europe vient hélas nous donner raison. Mais d’autres prévisions se sont également vérifiées. Nous anticipions un creusement des inégalités susceptible d’embraser les sociétés ; en France, le phénomène s’est illustré par le mouvement des Gilets jaunes. Nous affirmions que le secteur de la finance parviendrait à préserver sa toute-puissance, malgré les promesses de régulation après la crise de 2008. Nous évoquions une double dynamique : d’un côté, l’espoir d’une réindustrialisation des pays occidentaux et de l’autre, la guerre commerciale que celle-ci risquait d’entraîner. Enfin, nous anticipions une hausse des taux d’intérêt, liée à une raréfaction de l’épargne et aux besoins massifs d’investissement pour financer les grandes transitions.

EA : À l’inverse, quels événements n’aviez-vous pas anticipés ? 

M. Berrebi : Bien sûr, notre premier ouvrage n’avait pas vocation à anticiper tous les événements des dix dernières années. Pour autant, même les faits les plus inattendus de cette période relèvent en définitive de dynamiques que nous avions identifiées. Par exemple, la crise sanitaire du COVID-19, qui a surpris la planète entière, a exacerbé des tensions intergénérationnelles autour de la dette, du financement des retraites et des dépenses liées à la santé et à la dépendance, que nous analysons dans notre livre. Autre exemple : la rapidité des progrès en intelligence artificielle, qui a pris le monde de court, vient se heurter au ralentissement des gains de productivité, dont nous parlons dans notre travail.

EA : Le vieillissement démographique et le ralentissement des gains de productivité font partie des 6 contraintes qui structurent le monde, selon votre ouvrage. Quelles sont les 4 autres contraintes ? 

M. Berrebi : Nous avons aussi l’accélération des inégalités dans le monde, le choc de la désindustrialisation amorcée à partir des années 1990, la financiarisation de l’économie et la raréfaction de l’épargne prête à être investie sur des projets risqués, innovants et de long terme. 

EA : Comment préconisez-vous de réagir ? 

M. Berrebi : Nous proposons 14 axes d’action, sur des sujets aussi variés que la jeunesse, la répartition optimale entre les salaires et les profits, l’immigration, l’intelligence artificielle, l’accès à l’eau, les big techs, les règles de l’héritage, la gestion de la dette, la mondialisation... Attention : il ne suffira pas d’appliquer seulement certaines de nos propositions ; ces dernières se conçoivent comme un seul bloc, pour un changement systémique. Elles se veulent de surcroît en rupture, c’est-à-dire qu’elles constituent une approche radicalement différente de ce que nous faisons aujourd’hui. Dernier point important : nous insistons sur l’idée de « proximité ». En d’autres termes, nous refusons l’idée de fatalité et nous estimons que chaque groupe d’humains doit se réapproprier son propre destin, et rapidement, pour contribuer à l’apaisement de notre société.

 

Propos recueillis par Louis Armengaud Wurmser (E10), responsable des contenus ESSEC Alumni 

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